Bolloré veut reprendre le contrôle total de Blue Solutions
Bolloré veut reprendre le total contrôle sur Blue Solutions, sa filiale spécialisée dans le stockage d’électricité introduite en Bourse fin 2013 et dont le développement est plus poussif que prévu, subissant la concurrence, notamment asiatique, dans un secteur en pleine ébullition. Le groupe du magnat breton Vincent Bolloré veut racheter, si nécessaire en deux temps, les 11% du capital de sa filiale qu’il ne détient pas encore et renégocier les contrats d’approvisionnement et de financement entre les deux entités. Le groupe « offrira aux actionnaires qui souhaiteraient se retirer une première possibilité de vendre leurs actions Blue Solutions à 17 euros par action », a indiqué jeudi Blue Solutions dans un communiqué, alors que l’entreprise est repassée dans le rouge l’an dernier, en raison d’un recul de 10% son activité à 109,3 millions d’euros. Le groupe a essuyé une perte nette de 0,1 million d’euros contre un petit bénéfice de 20.000 euros en 2015, le premier de son histoire. « Le stockage d’électricité à travers les batteries est désormais unanimement reconnu comme un secteur considérable. Cependant, la concurrence est plus importante et Blue Solutions souhaite se donner plus de temps pour développer les avantages de sa technologie » a justifié l’entreprise dans son communiqué. La concurrence d’autres acteurs dans les batteries lithium-ion, notamment des groupes asiatiques qui ont des capacités de production très importantes et vendent à des prix très compétitifs, « impose de revoir les volumes et les prix de vente des batteries Blue Solutions », explique-t-elle encore. Concrètement, Bolloré souhaite déposer un projet d’offre publique « avant la fin du premier semestre 2017?, mais le groupe ne demandera pas dans un premier temps de retrait obligatoire à l’issue de cette offre. Une « seconde fenêtre de sortie » sera ensuite proposée après l’exercice 2019 aux actionnaires qui n’auraient pas apporté leurs titres lors de la première offre. Blue Solutions avait été introduite en Bourse fin 2013 à 14,5 euros par action et celle-ci ne valait plus que 9,70 euros jeudi à la clôture de la Bourse de Paris. Bolloré a formellement créé Blue Solutions en 2001, avec le lancement de la production de batteries utilisant la technologie LMP (Lithium Métal Polymère), différente de la technologie lithium-ion, aujourd’hui dominante dans les applications liées aux transports. Le lancement fin 2011 du service d’autopartage Autolib’ à Paris, qui utilise des voitures Bluecar équipées de batteries Blue Solutions, a mis un coup d’accélérateur à l’entreprise, qui s’est aussi diversifiée dans l’équipement de bus électriques et des tramways. Avec son usine d’Ergué-Gabéric près de Quimper, Blue Solutions a une capacité de production de 10.000 batteries et de 300 mégawattheure, bien loin des « giga-usines » annoncées par nombre d’autres fabricants ces dernières années. Au moment de son inauguration en 2013, le groupe prévoyait d’atteindre un chiffre d’affaires de plus de 200 millions d’euros en 2017 et de vendre 5.000 à 6.000 batteries par an d’ici 2019. Des objectifs qui paraissent désormais peu atteignables, avec moins de 2.500 batteries vendues en 2016. Blue Solutions avait d’ailleurs reconnu l’an dernier que la montée en puissance des ventes serait finalement « plus progressive ». Si l’activité liée à l’autopartage a montré pendant plusieurs années un certain succès, avec des contrats dans de nombreuses villes dans le monde (Paris, Lyon, Indianapolis, Turin, Singapour, etc.), les ventes de batteries pour ce segment ont ralenti l’an dernier, tandis que le segment du stockage stationnaire (batteries pour les centrales solaires ou l’équilibrage du réseau électrique) peine lui à décoller. Outre le rachat d’actions, Bolloré et sa filiale vont « établir un nouveau contrat de financement de Blue Solutions par Bolloré », le précédant ayant pris fin en juin 2016 et vont « revoir les termes du contrat d’approvisionnement. Par ailleurs, alors que Blue Solutions avait vocation à prendre sous son giron le périmètre Blue Applications, détenu actuellement à 100% par Bolloré et qui regroupe notamment Bluecar, Bluebus, Bluetram ou Bluestorage, la société a indiqué qu’elle n’exercerait pas cette option d’achat qui courait jusqu’au 30 juin 2018. Là encore, les deux groupes vont déterminer « une nouvelle fenêtre d’exercice d’options ».