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Comprendre des crises

Durant les années 1920, les Etats-Unis connaissent une forte croissance qui permet à la production industrielle de croître d'environ 50%. Mais dans le même temps, les cours à la bourse de New-York gonflent de plus de 300% sous l'appétit insatiable des spéculateurs qui ne tiennent aucunement compte de la réalité économique. D'ailleurs, ni la productivité, ni les salaires ne reflètent cette euphorie.  Les ingrédients du désastre à venir sont rapidement réunis: les investisseurs ne cherchent plus du tout à cueillir les dividendes prélevés sur les bénéfices, fruits de la réalité de la croissance: ils achètent massivement des titres à crédit dans le seul objectif de les revendre le plus rapidement possible en se goinfrant au passage de la plus grosse plus-value possible. Les fondements de la bourse sont tout bonnement piétinés.  Le Krach de 1929 : une catastrophe inévitable Dès 1928, le cabinet Charles Merrill (qui deviendra par la suite Merrill Lynch) alerte les marchés en recommandant de ne plus acheter les actions à crédit. Un premier avertissement qui n'est pas réellement suivi d'effets. Plus grave, début 1929, l'économie du pays commence à s'essouffler, avec des difficultés notoires dans le secteur automobile. Plus généralement, la production industrielle chute d'environ 7% au cours des premiers trimestres de l'année. La raison en est simple: tous les capitaux ont été engloutis dans la spéculation boursière et l'économie dite réelle n'est tout simplement plus financée...  Signe frappant de l'aveuglement acharné des opérateurs financiers, le cours de actions grimpe pourtant encore de plus de 100 % au cours de la même période !  Manque de liquidités, ou lent retour à la réalité ? Toujours est-il que la bourse atteint une relative stagnation à partir du mois de septembre après un gavage forcené de plusieurs mois, puis une baisse progressive dès le début du mois d'octobre. Les gros opérateurs, qui ne voient plus de perspectives de croissances immédiates, enchainent les prises de bénéfices, dans des volumes qui deviennent de plus en plus préoccupants entre le 18 et le 23 octobre.  Petit problème: sans la promesse d'une indécente plus value à très court terme, plus personne ne veut racheter des actions totalement surcotées... Plus rien ne peut empêcher le pire d'arriver.  L'effondrement du marché: jeudi noir Le lendemain, jeudi 24 octobre 1929, est le premier jour de panique totale: plus personne ne veut acheter d'action, et tous les gros opérateurs sont en position de vente: c'est l'effondrement total des cours, -22 % à midi, un triste record vient de s'établir. Des rumeurs, démenties par la suite, parlent de suicides massifs de traders. Toujours est-il que la panique se propage et que les banques sont contraintes de racheter massivement des actions pour relever les cours. Elles parviennent à limiter la casse, la baisse en fin de journée n'étant plus que de 2%, dans un volume d'échange stratosphérique (13 millions contre une moyenne habituelle de 2,5 million). Sursaut avant la déconfiture finale, les cours restent même stables les deux journées suivants.  Mais ce n'est qu'un sursis: les "investisseurs", ou plutôt devrait-on dire les adeptes de la roulette russe, ont emprunté à crédit pour spéculer: ils sont contraints de vendre pour limiter leurs pertes au vu de la dégradation des perspectives à court terme. Le lundi 28 octobre, c'est un nouvel effondrement des cours: cette fois les banques ne font pas contrepoids. C'est une dégringolade record du Dow Jones qui perd 13% en une seule journée, et encore 12% le lendemain.  Avec la dérive des semaines suivantes ce sera, modestement, l'équivalent de 10 fois le budget fédéral américain qui partira en fumée...  Les conséquences de la crise de 1929 Après la crise financière, place à la crise économique, qui frappe de plein fouet des entreprises qui auraient préféré que les crédits alloués les années précédentes soient consacrés aux investissements nécessaires à leur propre développement. La consommation des ménages dégringole. Les banques sont contraintes de fermer les vannes des crédits, ce qui fragilise encore plus les entreprises dont beaucoup font faillite. C'est un cercle vicieux : n'étant plus remboursées, les banques les plus faibles font faillite à leur tour, et les petits épargnants tentent alors de sauver leurs économies en retirant leurs avoirs auprès des banques encore en vie. Une crise bancaire se déclenche.  La crise générale, sommes des déboires financiers, économiques et bancaires, entraîne alors une explosion du chômage : la crise sociale vient compléter le sinistre tableau.  Mais ce ne seront pas les seuls dégâts de cette incroyable autodestruction programmée : la crise de 1929 sera aussi grandement responsable du repli des états sur eux-mêmes (mesures protectionnistes) après la contamination de l'ensemble de la planète, ainsi que du renforcement inespéré des régimes totalitaires.  Ainsi, entre 1929 et 1933, le commerce mondial chute des deux tiers. La grande Bretagne est contrainte de dévaluer la livre Sterling en 1931, ce qui provoque une réaction en chaine dans tous les grands états européens. Le chômage explose. En Allemagne, un certain Adolf Hitler qui pesait moins de 3% des voix en 1928 obtient 37% des suffrages en juillet 1932 et prendra les commandes du pays le 30 janvier de l'année suivante. Avec les funestes conséquences que l'on sait.



08/01/2020
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