En direct d\'Assuly

Contre le harcèlement dans les transports

« 100% des utilisatrices des transports en commun ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou agressions sexuelles. » C’est ce qu’on pouvait lire dans le rapport du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh) rendu public en avril [PDF]. Depuis, le gouvernement s’est saisi du problème et a lancé ce jeudi un plan national de lutte contre le harcèlement sexiste dans les transports. Suivant les recommandations du HCEfh, le gouvernement a pris douze engagements destinés à lutter contre cette forme de harcèlement. Parmi eux, deux outils numériques devraient êtres mis en place dans les mois à venir : l’alerte par SMS : plus discrète qu’un appel, elle permettra au témoin d’une agression de prévenir la sécurité. Pour la SNCF, le système sera effectif via le 3617 d’ici la fin de l’année 2015. Le gouvernement réfléchit également à mettre en place ce système pour la RATP. La fusion des deux numéros a été évoquée par Pascale Boistard, secrétaire d’Etat aux Droits des femmes, mais la RATP nous dément cette information : « Ce n’est pas à l’ordre du jour. Pour l’instant, nous allons ouvrir notre numéro de service clientèle, le 3246, aux appels d’urgence et nous sommes en cours de réflexion pour pouvoir lancer une alerte par SMS à ce même numéro. » Une application de géolocalisation : l’idée n’en est encore qu’à ses débuts mais le gouvernement voudrait se doter d’un outil permettant de géolocaliser l’incident. Un « hackathon » réunissant « les spécialistes du numérique et les développeurs informatiques de la RATP, de la SNCF, des forces de l’ordre et des startup » doit être organisé pour lancer le projet. Si les associations féministes ont bien accueilli l’annonce de ce plan, elles ont cependant apporté quelques bémols. Margaux Collet, d’Osez le féminisme ! , aurait préféré un numéro d’alerte unique : « Il est toujours difficile de travailler à des projets communs avec deux numéros différents. Même lorsqu’il n’y a qu’un seul numéro, cela ne suffit pas. Qui connaît le 3919 destiné aux femmes victimes de violence ? Pourtant, il y a eu des campagnes de communication, mais il en faut toujours plus. Les numéros d’alerte de la SNCF et de la RATP doivent être inscrits partout, dans les rames, sur les tickets. Ce n’est qu’en rabâchant que les gens intègrent les choses. » Alice Barbe, de Stop harcèlement de rue ! , s’inquiète qu’aucun moyen d’alerte n’ait été pensé dans les transports scolaires : « Nous n’avons aucune information à ce sujet et c’est dommage, car le harcèlement est très fort dans les zones rurales et notamment dans les bus scolaires. Nous attendons les élections régionales pour voir comment cela va se répercuter sur le plan local. » Concernant l’application, elle souhaiterait que l’outil aille plus loin qu’un simple moyen d’alerte : « On aimerait participer au hackathon et faire valoir nos idées. L’idée est bonne sur le fond, mais je ne suis pas sûre que cela soit une solution. Je pense qu’une plateforme numérique permettant de libérer la parole serait plus efficace. Cela permettrait aux gens d’échanger sur un phénomène qui fait peur, mais aussi de se donner des stratégies d’évitement. » Et ailleurs, ça se passe comment ? Le gouvernement français pourrait prendre exemple sur une initiative égyptienne citoyenne, pionnière dans le domaine. Depuis 2010, l’association Egyptian Center for Women’s Rights a lancé HarassMap.org, un site et une application mobile où les femmes harcelées peuvent anonymement partager leurs expériences. Grâce à ces témoignages, Harass Map a créé une carte interactive permettant de localiser et qualifier les « points chauds » du pays. Capture d’écran de la carte des agressions subies par les femmes en Egypte (HarassMap.org) Le SMS, le Royaume-Uni s’y est mis pour prévenir d’un crime ou d’un incident. La British Transport Police a créé différents dispositifs, dont la possibilité d’envoyer un SMS au 61016. Seul problème : si c’est un cas d’urgence, il ne faut pas passer par ce système mais par le traditionnel numéro d’urgence de la police et des pompiers, le 999. A New York et Washington, pas d’appli ni de SMS, mais le site internet des opérateurs de transport s’est adapté. Une rubrique permet aux utilisateurs de déposer des signalements, plaintes, vidéos et photos des harcèlements ou agressions dont ils ont été victimes ou témoins.



16/11/2015
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour