Douanes et la nouvelle dîme ?
Mardi dernier, je me suis rendu à un séminaire houleux où le thème des droits de douane a été longuement démêlé. La question qui était posée était la suivante : les chercheurs répètent depuis presque un siècle que les droits de douane sont en soi une erreur. Alors pourquoi ces "dîmes" sont-elles maintenues, quitte à nous desservir ? Avant toute chose, lorsqu'un tarif douanier frappe un produit particulier, c'est pour veiller sur une industrie. Il est particulièrement facile aux entreprises et aux acteurs d'une branche de s'allier pour constituer des pressions politiques, parce qu'ils peuvent tous convenir du fait que le sujet est essentiel pour leur prospérité, du moins à court terme. Néanmoins, quand un droit de douane est stipulé, son coût, qui amène à une élévation des prix pour les clients, est supporté par un groupe de particuliers beaucoup plus vaste, dont les membres ont notoirement plus de mal à s'organiser au plan politique. Par conséquent les hommes politiques tiendront plus compte des groupes bien organisés et qui donnent de la voix pour obtenir l'imposition de tarifs douaniers. Surtout que ces acteurs économiques sont présents dans une région où leurs votes peuvent avoir une influence sur les prochaines élections. Ceci étant dit, il reste un mystère : pourquoi l'appui de l'État prend-il souvent la forme de droits de douane plutôt que de subventions à la production, par exemple ? Cela tient essentiellement à ce que si l'industrie automobile nationale est éprouvée par les importations de voitures japonaises, il semble plus facile de mettre en place une pénalité qui bloquera directement le Japon. Dans l'autre cas, l'État devrait passer par la case impôts pour financer les subventions. Une mesure impopulaire qui aurait, là aussi, un impact lors des prochaines élections ! Un droit de douane est donc dans bien des cas plus facile à produire politiquement, non seulement parce qu'il paraît frapper les producteurs étrangers, mais aussi parce qu'il semble accroître les recettes de l'État. A l'inverse, une subvention paraît limiter les recettes de l'État. En réalité, un tarif douanier frappe surtout les administrés en accroissant le prix intérieur du bien concerné. Avec cette taxe, l'État décide arbitrairement de faire payer plus cher les produits importés aux consommateurs, il dérègle le libre marché pour protéger des industries non compétitives. Inutile de préciser que cette vision à court terme ne sera d'aucun secours à ces industries sur le long terme (source : challenge commercial). Au contraire, en prenant l'habitude d'être assistées, elles ne font que creuser l'écart avec la concurrence.