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La France snobe sa propre production littéraire

Alors que les médias français évoquent actuellement la sortie d'une nouvelle série de romans érotico-romantiques américains, Calendar Girl, et qu'ils annoncent déjà un succès à la Fifty Shades of Grey, on ne peut que s'interroger sur leur silence quant aux productions françaises du genre, qui peinent à faire parler d'elles, alors que leur fond comme leur forme sont généralement de très bonne facture. Ne serait-ce qu'une question d'investissements? Où sont les défenseurs du "made in France" pour nos produits culturels? Quid du rôle des chroniqueurs média? Il y a quelques années, la France, comme la plupart des pays occidentaux, a été submergée par le tsunami Fifty Shades of Grey, ce roman que l'on pourrait qualifier de "soft SM, érotico-romantique", et qui s'est écoulé en trois jours à plus de 80.000 exemplaires. Ce succès phénoménal –qui ne peut être imputé ni à l'histoire en elle-même ni à la plume de son auteure, l'américaine E.L. James- laissait supposer que la littérature érotique renaissait de ses cendres. Naturellement, nous, les passionnés de littérature contemporaine, attendions de voir de jeunes auteurs français émerger grâce à ce regain d'intérêt populaire, car après tout, notre pays possède une tradition en la matière qui le rend unique. Mais rien. Rien, en tout cas, dans les médias. N'y avait-il donc aucune production française digne d'être lue et commentée... voire recommandée? Pour répondre à cette question, il fallait s'y intéresser soi-même de plus près. Plusieurs blogs littéraires conseillaient le premier roman d'Octavie Delvaux, Sex in the Kitchen, c'est donc naturellement cet ouvrage qui retint mon attention. En fait, mis à part le genre littéraire, tout oppose Sex in the Kitchen au fameux Fifty Shades. Quand ce dernier met en scène une jeune étudiante, (forcément) innocente et naïve, qui tombe amoureuse d'un businessman (obligatoirement) beau et riche au point d'en devenir "sa soumise", Sex in the Kitchen fait dans la légèreté et nous présente un vrai nuancier de parcours érotico-amoureux sur la base de trois copines trentenaires, maîtresses de leur destin. Point de lourdeur dans le style ni de caricature ici: l'intrigue est vive, et les personnages franchement attachants ; bref, il se lit d'une traite et laisse un sourire sur le visage de son lecteur. Or, pour se vendre, Sex in the Kitchen n'a pu compter que sur le bouche-à-oreille et sur les efforts d'autopromotion de son auteure, omniprésente sur les réseaux sociaux. Certes, cela a fonctionné, puisque tout support confondu, il a dépassé la barre des 30 000 exemplaires achetés alors que dans sa maison d'édition, une bonne vente en la matière se situe aux alentours des 1 500 copies écoulées. Mais qu'en aurait-il été si quelques journalistes en avaient parlé dans de grands médias?



14/03/2017
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