Le danger de Pegida ?
Les animateurs du « grand rassemblement européen de résistance à l’islamisation de nos pays » (sic) se sont contentés d’un hôtel du quartier de l’Opéra. (Le service de sécurité était assuré par des adhérents du Bloc identitaire, groupuscule d’extrême droite créé après la dissolution d’Unité radicale, dont l’un des membres avaient tenté de tirer sur Jacques Chirac en 2002.) Cela n’a pas empêché les organisateurs de surfer sur la vague islamophobe, en compagnie de représentants de « partis frères » venus des pays voisins. Créée en octobre 2014 par Lutz Bachmann, ancien délinquant condamné pour braquages et trafic de drogue, Pegida est une organisation politique prônant la lutte contre « l’islamisation de l’Occident » et le désir de « préservation et de protection de l’identité allemande ». Les manifestations de Pegida ont attiré plusieurs dizaines de milliers de personnes dans la ville de Dresde, à plusieurs reprises depuis mi-décembre. Copiant le mode d’action utilisé avant la chute du mur de Berlin, ce sont des milliers de personnes qui se retrouvent désormais tous les lundis soirs à Cologne, Düsseldorf, Bochum, Munich, Wurtzbourg, Rostock, ou encore Bonn. Ce mouvement à caractère xénophobe inquiète jusqu’à la chancelière Angela Merkel, qui a appelé ses compatriotes à ne pas participer aux manifestations, dans son allocution de fin d’année. La « guest-star » de la rencontre est assurément Melanie Dittmer, 36 ans, des cheveux blonds qui retombent sur son gilet pare-balles. Ancienne journaliste de la chaîne ZDF, militante « en sommeil » – comme elle le dit elle-même – du Mouvement populaire pour la Rhénanie-du-Nord-Westphalie (Pro NRW, parti minoritaire régional d’extrême droite qui lutte depuis 2007 contre « l’islamisation » de l’Allemagne), elle est depuis quelques mois l’une des figures de Pegida, mouvement Ovni qui inquiète de plus en plus les pouvoirs publics allemands (voir encadré). Renaud Camus, l’autre « vedette » de la journée, rendra un hommage appuyé à la représentante de Pegida. Après avoir cité Vladimir Poutine comme un visionnaire, l’idéologue ajoute : « Aujourd’hui, une grande espérance se lève à l’Est. Elle a pour nom Pegida, et elle a ici une ambassadrice, que nous saluons comme la messagère du Printemps des peuples. » Déjà des Pegida à Bordeaux et Lyon ? Il va ensuite annoncer la création de la branche française de ce mouvement xénophobe :