En direct d\'Assuly

Un séminaire pour acquérir l'esprit mercenaire

Vous connaissez l'esprit mercenaire ? C'est la nouvelle tendance qui nous vient d'Espagne, pour se sentir mieux et être plus responsable. J'ai suivi un séminaire sur ce thème à Barcelone, et c'était très bien. Mais qu'est-ce que l'esprit mercenaire ? Sa qualité est d'être bref. Pour le mercenaire la loi et les prophètes sont contenus dans ce seul axiome: Avec de l'argent on peut tout se procurer. À regarder la vie sociale superficiellement rien de plus évident. «Nerf de la guerre», «preuve sonnante», «clef qui ouvre toutes les portes», «roi du monde»!… On pourrait, en recueillant tout ce qu'on a dit de la gloire et de la puissance de l'argent, faire une litanie plus longue que celle qui se chante en l'honneur de la Vierge Marie. Il faut avoir été sans le sou, ne fût-ce qu'un jour ou deux, et avoir essayé de vivre dans le monde où nous sommes, pour se faire une idée de ce qui manque à celui dont la bourse est vide. J'engage ceux qui aiment les contrastes et les situations imprévues à essayer de vivre sans argent pendant une demi-semaine seulement, et loin de leurs amis et connaissances, du milieu enfin où ils sont quelqu'un. Ils feront plus d'expériences en quarante-huit heures qu'un homme établi pendant toute son année. Hélas! ces expériences quelques-uns les font malgré eux, et lorsque la ruine véritable s'abat sur leur tête ils ont beau rester dans leur patrie, parmi les compagnons de leur jeunesse, leurs anciens collaborateurs et même leurs obligés, on affecte de ne plus les connaître. Avec quelle amertume ils commentent le credo mercenaire: avec de l'argent on peut tout se procurer, sans argent impossible de rien avoir. Vous devenez le paria, le lépreux, celui dont chacun se détourne. Les mouches vont aux cadavres, les hommes vont à l'argent. Aussitôt que l'argent se retire le vide se fait. Il en a fait couler des larmes le credo mercenaire! larmes amères, larmes de sang pleurées par ceux-là mêmes qui avaient peut-être été jadis les adorateurs du veau d'or. Et pourtant ce credo est faux, archi-faux. Je ne vais pas marcher à l'attaque, avec de vieilles rengaines comme celle de l'homme riche égaré dans un désert et qui ne peut même pas se procurer une goutte d'eau pour son argent; ou celle du millionnaire décrépit qui donnerait la moitié de ce qu'il possède pour acheter à un solide gaillard sans le sou, ses vingt ans et sa robuste santé! Je n'essayerai pas non plus de vous prouver qu'on ne peut pas acheter le bonheur. Tant de gens parmi ceux qui ont de l'argent et surtout parmi ceux qui n'en ont pas, sourient de cette vérité comme du plus usé de tous les clichés. Mais j'en appellerai aux souvenirs, aux expériences de chacun pour faire toucher du doigt le grossier mensonge que recouvre un axiome que tout le monde va répétant. Garnissez votre bourse du mieux que vous pourrez et partons ensemble pour une ville d'eaux, comme il y en a beaucoup. Je veux dire un de ces endroits jadis inconnus, pleins de gens simples, respectueux, accueillants, parmi lesquels il faisait bon vivre et sans grande dépense. La Renommée aux cent trompettes les a tirés de l'ombre, leur a enseigné le parti qu'ils pourraient tirer de leur situation, de leur climat, de leurs personnes. Vous partez, sur la foi de dame Renommée, et vous vous flattez qu'avec votre argent vous pourrez vous procurer une retraite paisible, et loin du monde factice et civilisé, tisser un peu de poésie dans la trame de vos jours.—La première impression est bonne: le cadre naturel et certaines coutumes patriarcales, lentes à disparaître, vous frappent d'abord favorablement. Mais à mesure que les jours passent l'impression se gâte, les dessous apparaissent. Ce que vous considériez comme du vieux authentique, pareil aux meubles de famille séculaires, n'est que du truquage pour mystifier les gobeurs. Il y a des étiquettes sur tout, tout est à vendre, depuis le sol jusqu'aux habitants. Ces primitifs sont devenus les plus roués des gens d'affaires. Étant donné votre argent, ils ont résolu le problème de se le procurer au moins de frais possible. Ce ne sont que ficelles, pièges partout tendus comme des toiles d'araignées et la mouche que ces gens attendaient au fond de leur trou c'est vous. Voilà ce que vingt ou trente ans de régime mercenaire ont fait d'une population qui était autrefois simple, honnête, et dont le contact faisait du bien aux citadins surmenés. Le pain de ménage a disparu, le beurre sort de l'usine, ils possèdent à merveille la méthode pour écrémer le lait et les dernières recettes pour falsifier les vins; ils ont tous les vices des citadins moins leurs vertus. En partant vous comptez votre argent. Il en manque beaucoup; et vous vous plaignez. Vous avez tort. On n'achète jamais trop cher la conviction qu'il y a des choses qu'on ne peut pas se procurer pour de l'argent. Pour en savoir plus, allez sur le site de l'organisateur de ce séminaire en Espagne d'un autre type. Suivez le lien.

10643785_1520805301551739_982197753_n.jpg



31/12/2015
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour